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hum! Est toujours superbe.. Est toujours superbe après boire... (_Il s'endort et parle en dormant d'une voix confuse_.) Monseigneur de Cantorbery... (_Il s'endort tout à, fait_.) [Illustration: Vous le voyez, mon cher ami, je me tue.., (Page 63.)] (_Meg entre dans la chambre en tremblotant; elle est enveloppée à demi dans les couvertures de son lit, et se traîne le long des murs._) MEG. Je crois qu'il y a enfin de la lumière ici... Je vois une lueur faible... (_Elle se heurte contre la table._) ALDO. Qui va là?... vous ne répondez pas?... bonsoir... Si vous êtes un voleur, l'ami, passez votre chemin, vous perdez votre temps ici... (_Il se rendort._) MEG. Je crois que j'ai entendu quelque chose, mais je suis encore plus sourde aujourd'hui qu'à l'ordinaire... et je ne sais pas si le temps était plus sombre, mais il m'a semblé que je ne voyais pas bien... Mon fils n'est pas rentré, à ce qu'il paraît!... (_Elle-se heurte encore._) ALDO. Encore! Ami voleur, mon cher frère en diable, vous ne vous en rapportez pas à moi?... Cherchez à votre aise... si vous pouviez trouver ma rime dans un coin de la chambre, vous me feriez plaisir en me la rapportant. Elle ne vaut pas la peine que vous vous en empariez... Monseigneur de Cantorbery Est, ma foi! superbe.... (Il se rendort.) MEG, _qui s'est égarée, à tâtons dans la chambre._ Je ne sais plus ou je suis.... J'ai encore plus froid ici que dans mon lit.... Dieu de bonté, j'espérais trouver le poêle ... mais y a-t-il du bois seulement? Si mon pauvre enfant était là, du moins il me consolerait.... Mais il est allé me chercher quelque chose sans doute.... Je ne vois plus du tout. Je n'entends rien nulle part.... Froid, nuit, silence, solitude, vieillesse, que vous êtes tristes! Je ne me soutiens plus, une étrange défaillance me saisit.... (_Aldo rêvant._) Oui! oui! Monsieur de Cantorbery!... MEG. Mes genoux vont se casser si je marche encore: où m'asseoir dans ces ténèbres?... (_Elle se laisse tomber._) ALDO. Trust! mon pauvre chien, est-ce toi qui reviens? Je t'avais donné à Oscar, mais il parait que tu veux jeûner avec ton maître ... où es-tu, ô le meilleur des hommes, je veux dire des caniches?... MEG. Ce carreau est froid ... je ... je.... Dieu tout-puissant, sainte Vierge ... je meurs catholique ... mon enfant! mon enf.... Aldo! (Elle meurt.) ALDO, _se relevant à demi._ Pour le coup, on a parlé.... Mon nom est parti de ce coin.... Je n'ai pas rêvé peut-être.... Voleur ou chien! qui que tu sois.... C'était la voix de ma mère.... Ma mère, allons donc! elle dort là-haut.... Je n'ai pas la force d'y aller voir.... J'ai peur!... par le diable, j'ai peur! Misère, tu m'as vaincu! J'ai cru voir un spectre passer près de moi dans mon sommeil. J'ai entendu une voix qui semblait sortir de la tombe. Fantômes évoqués par la faim, terreurs imbéciles, laissez-moi!... Murailles imprudentes qui m'entendez, gardez-moi bien le secret, car s'il est en vous un écho bavard qui répète les paroles de ma peur, je vous démolirai pierre à pierre jusqu'à ce que je l'aie arraché de vos entrailles, fût-il caché dans le ciment et scellé dans le granit.... Ma mère, m'avez-vous appelé? (_Il se lève tout à fait et se frotte les yeux._) Meg, ma mère! Pardon! pardon! je me suis endormi!... Je divague.... J'ai dormi une heure!... L'horloge moqueuse semble me demander ce que j'ai fait du temps! Tu as dormi, bête stupide!... Tu n'as pu lutter une heure ... comme les disciples du Christ, tu as mal gardé le jardin des Oliviers.--Jésus! tu bois en vain l'éternel calice des douleurs humaines; ton père est sourd, ton frère l'esprit saint a perdu ses ailes de feu. Le cerveau du poëte est aride comme la terre, et le coeur des riches est insensible comme le ciel.... Voyons si ce canif aura plus de vertu que ta parole pour conjurer le sommeil. (_Il se fait une incision à la poitrine; étouffe un cri et jette le canif._) Votre leçon est incisive, mon bon ami, elle creusera en moi.... Passez-moi le calembour, mon esprit ne coupe pas comme votre acier, ma belle petite lame!... Ah! me voici bien éveillé, Dieu merci! cette charmante plaie me cuit passablement Je puis travailler maintenant.... Mais qui donc a ainsi bouleversé ma table?... Quelqu'un est entré ici.... Est-ce que j'aurais encore peur?... Imbécile! tu es poltron, et pour te guérir, tu répands deux onces de ton sang comme si tu en avais de reste! et tu gâtes ta chemise comme si tu en avais une autre! Faquin! perdras-tu tes habitudes de grand seigneur?... Je souffre ... le froid entre dans cette plaie comme un fer rouge. N'importe, je crois que je vais pouvoir travailler. (_Mettant ses deux bras sur se tête._) Mon courage, mon Dieu! ma mère!... Il faut que j'aille embrasser ma mère sans la réveiller, cela me portera bonheur. (_Il prend sa lumière et sort._) (_Il redescend de la soupente d'un air effaré._) Mais où est donc la vieille femme? Ma mère! ma mère! Qu'est-ce qui a pu me voler ma mère? Je n'avais qu'elle au monde pour causer mon désespoir et conserver mon héroïsme. (_Il trouvera sa mère sous l'escalier._) Ah!... ma mère est morte! Dieu me permet donc de mourir aussi, à la fin!--Comment! vous êtes morte, ma mère? (_Il la retire de dessous l'escalier et la regarde._) Oui, bien morte! Froide comme la pierre et raide comme une épée. Ah! ma mère est morte!... (_Il rit aux éclats et tombe en convulsion._) (_Après un silence._) Mais pourquoi êtes-vous déjà morte? Vous étiez bien pressée d'en finir avec la misère! Est-ce que je ne vous soignais pas bien? Étiez-vous mécontente de moi? Trouviez-vous que j'épargnais ma peine et que je ménageais mon cerveau? Trouviez-vous mes vers mauvais par hasard, et les critiques de mes envieux vous faisaient-elles rougir d'être la mère d'un si méchant rimeur? Vous étiez un _bas-bleu_ autrefois dans votre village!... Aujourd'hui vous n'êtes plus qu'un pauvre squelette aux jambes nues. Pauvres jambes, vieux os! Je vous avais enveloppés encore ce soir avec mon pourpoint!... Est-ce ma faute si la doublure était usée et l'étoffe mince? C'est comme l'étoffe dont vous m'avez fait, ô vieille Meg! J'étais votre septième fils; tous étaient beaux et grands, musculeux et pleins d'ardeur, excepté moi le dernier venu. C'étaient de vigoureux montagnards, de hardis chasseurs de biches aux flancs bruns; et pourtant, depuis Dougal le Noir jusqu'à Ryno le Roux, tous sont partis sans songer à vous conduire au cimetière. Il ne vous est resté que le pauvre Aldo, le pâle enfant de votre vieillesse, le fruit débile de vos dernières amours. Et que pouvait-il faire pour vous de plus qu'il n'a fait? que ne lui donniez-vous comme à vos autres fils une large poitrine et de mâles épaules! Cette petite main de femme que voici pouvait-elle manier les armes du bandit ou la carabine du braconnier? Pouvait-elle soulever la rame du pêcheur et boxer avec l'esturgeon? Vous n'aviez rien espéré de moi, et, me voyant si chétif, vous n'aviez même pus daigné me faire apprendre à lire!--Et quand tous vous ont manqué, quand vous vous êtes trouvée seule avec votre avorton, n'avez-vous pas été surprise de découvrir que je ne sais quel coin de son cerveau avait retenu et commenté les chants de nos bardes! Quand cette voix grêle a su faire entendre des mélodies sauvages qui ont ému les hommes blasés des villes, et qui leur ont rappelé des idées perdues, des sentiments oubliés depuis longtemps, vous avez embrassé votre fils sur le front, sanctuaire d'un génie que vous aviez enfanté sans le savoir. Eh bien! ne pouviez-vous attendre quelques jours encore? La richesse allait venir peut-être. Votre vieillesse allait s'asseoir dans un palais, et vous êtes partie pour un monde où je ne puis plus rien pour vous. Tâchez, si vous allez en purgatoire, que les bras de mes frères vous délivrent et vous ouvrent les portes du ciel.... Pour moi, je n'ai plus rien à faire, ma tâche est finie. Toutes les herbes de la verte Innisfail peuvent pousser dans mon cerveau maintenant, je le mets en friche.... Il est temps que je me repose; j'ai assez souffert pour toi, vieille femme, spectre blême, dont le souvenir sacré m'a fait accomplir de si rudes travaux, apprendre tant de choses ardues, passer tant de nuits glacées sans sommeil et sans manteau! Sans toi, sans l'amour que j'avais pour toi, je n'aurais jamais été rien. Pourquoi m'abandonnes-tu au moment où j'allais être quelque chose? Tu m'ôtes une récompense que je méritais; c était de te voir heureuse, et tu meurs dans le plus odieux jour de notre misère, dans la plus rude de mes fatigues! O mère ingrate, qu'ai-je fait pour que tu m'ôtes déjà mon unique désir de gloire, ma seule espérance dans la vie, l'honnête orgueil d'être un bon fils!... Vieux sein desséché qui as allaité six hommes et demi, reçois ce baiser de reproche, de douleur et d'amour.... ( _Il se jette sur elle en sanglotant._)--Hélas! ma mère est morte! SCÈNE III. JANE, ALDO. JANE. Est-ce que votre mère est morte! Hélas! quelle douleur! ALDO. Ah! tu viens pleurer avec moi, ma douce Jane; sois la bienvenue! Mon âme est brisée, je n'espère plus qu'en toi. JANE. Qu'est-ce que je puis faire pour vous, Aldo? Je ne puis pas rendre la vie à votre mère. ALDO. Tu peux me rendre sa tendresse, sa mélancolique et silencieuse compagnie, et surtout le besoin qu'elle avait de moi, le devoir qui m'attachait à elle et à la vie. Hélas! il y a eu des jours où, dans mon découragement, j'ai souhaité que la pauvre Meg arrivât au terme de ses maux, afin de retrouver la liberté de me soustraire aux miens! Tout à l'heure, dans mon délire, je me suis réjoui amèrement d'être enfin délivré de mon pieux fardeau. Je me suis assis en blasphémant au bord du chemin. Et j'ai dit: Je n'irai pas plus loin.--Mais je suis bien jeune encore pour mourir, n'est-ce pas, Jane? Tout n'est peut-être pas fini pour moi; l'avenir peut s'éveiller plus beau que le passé. Je veux devenir riche et puissant; si je trouve une douce compagne, tendre et bonne comme ma mère, et en même temps jeune et forte pour supporter les mauvais jours, belle et caressante pour m'enivrer comme un doux breuvage d'oubli au milieu de mes détresses, je puis encore voir la verte espérance s'épanouir comme un bourgeon du printemps sur une branche engourdie par l'hiver. JANE. J'aime beaucoup les choses que vous dites, ô mon bien-aimé! |
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